Les moustiques des genres Aedes, Anopheles et Culex peuvent véhiculer des agents pathogènes (virus, bactéries ou parasites) responsables de certaines pathologies humaines ou animales pouvant être fortement invalidantes, voire mortelles.Dans le contexte actuel de l’émergence ou de la réémergence de certaines maladies vectorielles, notamment en raison des changements climatiques et de la globalisation des échanges, la lutte antivectorielle (LAV), et notamment sa composante biocide, revêt un enjeu crucial. La LAV dans sa composante biocide est menée avec des insecticides, qui sont des produits biocides (Type de Produits 18 – TP18) dont la mise sur le marché est encadrée par le règlement européen (UE) n° 528/2012 (dit règlement biocide).Dans plusieurs régions françaises, en particulier dans les territoires ultra-marins, les moustiques vecteurs ont développé des mécanismes de résistance aux insecticides utilisés pour les combattre, ce qui peut rendre les opérations de traitements moins efficaces, pouvant aller jusqu’à remettre en cause les stratégies actuelles d’utilisation des insecticides. Les modalités de suivi et de gestion de la résistance des moustiques vecteurs aux insecticides sont aujourd’hui très variables selon les territoires. C’est dans ce contexte que les dispositions du décret n°2019-258 du 29 mars 2019 relatif à la prévention des maladies vectorielles prévoient notamment l’élaboration d’un arrêté sur les modalités de suivi des résistances des espèces vectrices locales aux produits biocides utilisés en LAV (Art. R3114-14 du code de la santé publique).Par ailleurs, les substances actives insecticides utilisables en LAV et autorisées en application du règlement (UE) n° 528/2012 sont en nombre limité. L’absence d’une palette de molécules aux modes d’action divers constitue un handicap pour la mise en place d’une stratégie de gestion de la résistance des vecteurs aux insecticides, alors que les épidémies liées à des agents pathogènes véhiculés par les moustiques sont plus fréquentes dans les territoires français, notamment en outre-mer, ce qui nécessite un recours de plus en plus fréquent aux insecticides.A cet égard, dans le cadre du programme de travail 2020 établi entre les ministères de tutelles et l’Anses, la direction générale de la santé (DGS) et la direction générale de la prévention des risques (DGPR) ont saisi l’Anses pour conduire une expertise en vue de proposer dans un premier temps des lignes directrices pour la surveillance de la résistance des moustiques vecteurs aux insecticides (« étape 1 »), et dans un second temps des recommandations par territoire pour la mise en place d’une stratégie de traitements par les produits biocides en contexte inter-épidémique et en contexte épidémique (« étape 2 »).En réponse à la première étape, l’Anses a rendu un avis le 15 octobre 2021 en s’appuyant sur le rapport proposé par un groupe de travail mis en place à cet effet . Le présent avis vise à répondre aux questions de l’étape 2 de cette saisine.