L’avis de l’Anses de mai 2012 relatif aux effets sanitaires liés à la pollution générée par les feux de végétation à l’air libre (Anses, 2012) a mis en exergue l’impact des émissions de particules produites par ces feux sur la population générale et la population professionnelle, et a formulé des recommandations d’amélioration des connaissances. Les feux de végétation contribuent en effet grandement à la détérioration, a minima ponctuelle, de la qualité de l’air, du fait d’émissions particulaires et gazeuses diverses et toxiques à différents niveaux. Bien que les niveaux de pollution de l’air aient fortement diminué en Europe et en France depuis les années 1990, la contribution des feux de forêt n’a fait que croître sur cette même période. Même si la part de la pollution atmosphérique issue des feux de forêt reste minoritaire, elle serait substantiellement plus toxique que d’autres sources de pollution du fait de sa composition. Cette source de pollution atmosphérique est associée à des excès de risque de mortalité et de morbidité cardiorespiratoires. Elle contribuerait à plus de 13 % de la surmortalité totale en Europe attribuable à la pollution par les particules fines (PM2.5) selon des résultats du projet EXHAUSTION rapportés par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). D’après des récents résultats de ce projet, il a été estimé que la surmortalité attribuable à la pollution mesurée par les PM2,5 avait diminué de plus de 50 % en Europe entre 1990 et 2019, tandis que la surmortalité attribuable à la pollution mesurée par les PM2,5 des incendies de végétation avait augmenté dans le même temps de plus de 100 %. Ces dernières années ont été marquées par des feux de grande ampleur de par le monde, parfois qualifiés de « méga-feux », bien que ce qualificatif ne recouvre pas les mêmes réalités en Europe, en Californie ou en Australie par exemple. En France, en juillet 2022, la forêt des Landes de Gascogne a connu les deux plus grands incendies de son histoire simultanément, et au total près de 30 000 hectares ont brûlés en Nouvelle-Aquitaine, un chiffre record depuis les grands incendies de 1949. Ces feux atteignent des dimensions et génèrent des effets qui dépassent le cadre habituel d’action des sapeurs pompiers et peuvent provoquer une réaction en chaîne. Aussi, comme le préconise le guide de doctrine opérationnelle sur les feux de forêts et d’espaces naturels, « il est important d’intégrer dans les réflexions que la lutte contre les méga-feux engendrera un passage de la seule lutte contre le feu à la gestion de la lutte contre les conséquences directes et indirectes du feu dans divers domaines » ; ce qui inclut la gestion de la lutte contre la pollution de l’air générée par ces feux et ses effets sur la santé. Dans le contexte actuel de changement climatique, et dans la perspective des grands évènements sportifs à venir (Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024), il apparaît ainsi nécessaire d’actualiser les connaissances en appui à la gestion de ces épisodes de pollution de l’air ambiant ; et ce en dressant dans un premier temps un état des lieux des consignes en France et à l’international en cas d’incendies de végétation de grande ampleur pour la protection de la santé des populations, et en établissant une liste socle de substances et de méthodes de mesurage pour la surveillance des panaches de fumées issus des feux de végétation de grande ampleur.