Demande d’«évaluation des modalités de surveillance et de lutte contre l’infection par le complexe Mycobacterium tuberculosis des cheptels caprins en Corse » - Mesures d’assainissement préconisées en cas d’infection d’un cheptel caprin
Résumé
La tuberculose à Mycobacterium bovis constitue un problème sanitaire majeur de l’élevage notamment bovin et porcin en Corse. Les foyers bovins en Corse représentent 20 % des foyers bovins de tuberculose de France hexagonale. La tuberculose à M. bovis y est également présente au sein de la faune sauvage, notamment chez le sanglier et chez les bovins féraux, constituant ainsi un système multi-hôtes complexe où l’environnement et la faune sauvage pourraient constituer une source de recontamination des troupeaux.
C’est dans ce contexte qu’un foyer de tuberculose à Mycobacterium bovis a été détecté dans un atelier caprin en lien épidémiologique avec un foyer bovin, dans le Cap-Corse, en avril 2023, constituant le premier foyer dans un cheptel caprin en Corse depuis 2009.
L’élevage caprin en race Corse est un système d’élevage pastoral, où le lait sert quasi-exclusivement à la fabrication de fromage au lait cru, très majoritairement fabriqué à la ferme.
La race caprine Corse est une race locale à faible effectif, très bien adaptée au mode d’élevage et au terrain corse. Cependant, cette race ne bénéficie actuellement pas d’un schéma de sélection fonctionnel. Elle est principalement gérée en auto-renouvellement au sein des troupeaux où des familles (généalogie femelles) et lignées (généalogie mâles) sont sélectionnées et conservées au fil des générations. En conséquence, l’application stricte de l’arrêté ministériel du 8 octobre 2021 relatif à la prévention, la surveillance et la police sanitaire de l’infection par le complexe Mycobacterium tuberculosis des animaux des espèces bovine, caprine et porcine, impliquant l’abattage total de ce foyer caprin ainsi que d’éventuels futurs foyers, pourrait menacer la pérennité de cette race locale. Suite aux inquiétudes exprimées par les professionnels de la filière caprine en Corse, une alternative à l’abattage total doit être envisagée, pouvant être fondée sur les dispositions précédemment mises en place pour la gestion de la tuberculose à M. bovis pour l’espèce bovine.
Cependant, ce type d’élevage présente d’autres particularités qui ne permettent pas de transposer directement la réglementation destinée aux élevages bovins en matière d’abattage partiel : production laitière quasi-exclusivement en lait cru, couverture limitée du territoire par les laiteries pouvant assurer la collecte du lait, montée en estive des animaux, partage des parcours entre les espèces, etc.