Avis de l’Anses relatif à « la lutte contre les culicoïdes aux Antilles françaises et en Guyane en cas de circulation du virus Oropouche »
Résumé
Dans un contexte de circulation importante du virus Oropouche (OROV) dans les Amériques, l'Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS) a publié le 1er août 2024 une évaluation des risques sanitaires liés à la circulation de ce virus dans la région, incitant les États membres à renforcer la surveillance et le diagnostic pour l'identification des cas, incluant les cas de décès et les cas materno-foetaux associés à une possible transmission verticale du virus. Selon cette évaluation, le risque pour la santé humaine est très élevé, avec une forte probabilité de propagation régionale, alors que les capacités de prévention et de contrôle sont limitées dans les pays touchés.
Depuis l’alerte épidémiologique de l’OPS du 1er août 2024 et au 28 août 2024, 1 774 cas supplémentaires d’Oropouche ont été signalés dans six pays de la région des Amériques, dont 647 cas au Brésil, 640 cas au Pérou et 432 cas à Cuba.
En outre, des cas importés ont été recensés dans plusieurs pays de l’Union européenne. Des premières occurrences de cas dans les Caraïbes (Cuba, République dominicaine), augmentent considérablement le risque d'importation du virus vers les Antilles françaises.
Cette explosion de cas et l’expansion épidémique d’Oropouche en Amérique du sud en 2023-2024, et plus récemment dans la région des Caraïbes, est liée à un virus réassorti avec, pour la première fois, le signalement de décès et de formes materno-fœtales avec avortements et malformations néonatales, dont des microcéphalies.
Le virus Oropouche est un virus à transmission vectorielle pour laquelle les moucherons du genre Culicoides sont connus pour être des vecteurs, avec une démonstration du rôle de l’espèce Culicoides paraensis dans la transmission de ce virus dans le bassin amazonien. La présence confirmée de C. paraensis en Guyane et en Martinique, l’absence de données de présence de cette espèce dans les autres territoires des Antilles françaises (où sa présence est cependant fortement suspectée) et la possibilité que d'autres espèces d’insectes hématophages soient également compétentes et capables de transmettre ce virus (moustiques, notamment Culex quinquefasciatus, et d‘autres espèces anthropophiles du genre Culicoides) soulèvent des inquiétudes quant à une possible
circulation du virus Oropouche dans les Antilles françaises, ainsi qu’en Guyane.
Dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) de Guyane et des Antilles françaises, les programmes de lutte antivectorielle (LAV) se concentrent principalement sur le moustique Aedes aegypti vecteur des virus de la dengue, du chikungunya et de Zika et ne sont pas adaptés aux culicoïdes. Il est donc nécessaire de proposer des outils de protection et de lutte contre les culicoïdes pour les populations locales et les voyageurs, en anticipation d'une possible introduction du virus sur ces territoires.
C’est dans ce contexte, que la Direction Générale de la Santé (DGS) a formulé une première saisine de l’Anses pour émettre des recommandations en matière de lutte et de protection contre les culicoïdes, en tenant compte de l’état des connaissances sur la biologie et l’écologie des espèces pouvant être impliquées dans la transmission du virus Oropouche aux Antilles françaises et en Guyane. D’autres questions relative à ce même virus feront l’objet d’une expertise distincte.