Demande d’avis relatif à l’évaluation des risques pour la santé publique et la santé animale liés à la transmission inter-espèces (être humain-animal et animal-être humain) des virus influenza en élevage porcin et les mesures de surveillance et de prévention à mettre en œuvre
Résumé
À la date de rédaction de ce rapport, quatre genres d’influenzavirus sont distingués au sein de la famille des Orthomyxoviridae : le genre Alphainfluenzavirus (virus influenza de type A ou IAV), le genre Betainfluenzavirus (virus influenza de type B ou IBV), le genre Gammainfluenzavirus (virus influenza de type C ou ICV) et le genre Deltainfluenzavirus (IDV).
Les IAV sont les virus influenza qui ont la plus grande diversité d’espèces hôtes (oiseaux et mammifères) et sont les seuls à avoir été responsables de pandémies de grippe. Le porc héberge des IAV, lesquels sont responsables de l’influenza porcin. Le porc peut être infecté par des ICV, mais, comme chez l’être humain, ceux-ci ne provoquent pas d’infections symptomatiques. Il peut également être infecté par des IDV (transmis par les bovins), qui pourraient jouer un rôle dans le complexe respiratoire porcin mais dont la circulation au sein de l’espèce porcine n’est pas démontrée. Ainsi, les risques (pour la santé publique et la santé animale) liés à la transmission inter-espèces des virus influenza en élevage porcin concernent
très majoritairement les IAV. La présente évaluation a donc uniquement porté sur les IAV.
D’après le texte de la saisine, « les IAV ont une propension importante à évoluer, notamment par mutations ou par réassortiments génomiques. Ces virus sont isolés chez de nombreuses espèces animales, sauvages comme domestiques, ainsi que chez l’être humain. Certaines souches sont hautement pathogènes pour leurs hôtes et/ou sont capables de passer la barrière d’espèces. Ces virus peuvent ainsi avoir un impact sanitaire et économique majeur tant en santé publique humaine que vétérinaire. Ils peuvent en effet être zoonotiques et présenter un potentiel pandémique et panzootique comme en témoignent les épidémies et
épizooties des dernières décennies.
L’influenza porcin ou la grippe du porc, causée par un IAV, est une maladie respiratoire virale fréquente dans les élevages de porcs français, et tous les virus influenza porcins sont à potentiel zoonotique. Le porc peut être infecté par des IAV porcins mais également par des IAV humains ou aviaires. Il peut donc devenir un hôte intermédiaire pour la transmission de virus influenza aviaires à l’être humain, mais aussi servir de « mixing vessel », où, à la faveur des co-infections, de nouveaux virus réassortants peuvent émerger. Les souches circulant chez le porc en France font l’objet d’une surveillance événementielle par le Réseau national de surveillance des virus influenza porcins (Résavip). Le Laboratoire National de Référence
pour l’influenza porcin (LNR-IP) (Anses, Laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort) mène également des activités de recherche sur ces virus.
Les lieux de détention (élevages, abattoirs, etc.) de suidés et de volailles sont des lieux de circulation de virus animaux dans des conditions de grande proximité avec l’être humain. Des cas de transmission de virus influenza d’origine porcine à l’être humain ont été mis en évidence à plusieurs reprises à l’étranger et récemment en France. Un risque de réassortiment, chez l’animal ou l’être humain co-infecté par des virus d’origine animale et/ou humaine existe et est possiblement accentué lors de la saison de circulation des virus grippaux humains ».
Au regard du risque pour la santé publique que représentent les virus influenza porcins, la DGAL a sollicité l’expertise de l’Anses le 8 septembre 2021 (demande d’appui scientifique et technique - AST du 8 septembre 2021) pour qu’une investigation épidémiologique soit conduite dans un élevage porcin présumé être à l’origine d’un cas humain d’infection par un virus influenza porcin survenu en août 2021, en lien avec les travaux d’investigation épidémiologique chez l’être humain qui ont été coordonnés par Santé Publique France (SPF) et conduits par l’Agence Régionale de Santé (ARS) Bretagne.
La Haute Autorité de Santé (HAS) et le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) avaient été saisis concomitamment en septembre 2021 concernant les questions de la vaccination contre la grippe saisonnière des personnes exposées aux virus influenza porcins et des mesures de protection des intervenants dans les lieux de détention des porcins.